• Les mèmes provocateurs, une tactique privilégiée par l’extrême droite. Une étude menée par Whitney Philipps, professeur de communication à l’Université de Syracuse, a démontré que, sans forcément le vouloir, les journalistes participaient au partage des opinions de l’extrême droite. Explications. Cela viendrait du fait que, lorsque les journalistes couvrent des reportages sur les mèmes, ils auraient du mal à repérer un contenu extrémiste derrière « la culture Internet [des mèmes] ». C’est en tout cas ce qu’il ressort de la dizaine d’interviews qu’elle a réalisées. Certains d’entre eux ont notamment avoué qu’ils ne comprenaient pas que l’objectif de ces mèmes provocateurs était que l’opinion politique sous-jacente soit relayée un maximum. Pour éviter d’être dupé, elle recommande aux journalistes d’opter pour un « silence stratégique« , c’est-à-dire de traiter ces sujets, sans forcément donner trop de détails. Ce concept vient du monde de la recherche sur le suicide et montre que la couverture médiatique détaillée d’un suicide entraîne une augmentation importante du taux de suicide le mois suivant. La chercheuse a toutefois conscience que cette recommandation peut se heurter aux réalités économiques d’un journalisme financé par la publicité. Elle préconise par ailleurs de renoncer au terme de « troll », car cela minimise leurs véritables objectifs et donne l’impression qu’ils sont une horde, alors qu’il s’agit le plus souvent de « trois mecs et leurs robots« . Enfin, elle invite les journalistes à ajouter des liens qui redirigent vers des associations qui luttent contre la haine en ligne à la fin des articles qu’ils rédigent sur le sujet (En savoir plus).

 

  • Les cyber-patrouilles, la stratégie des gouvernements et des partis politiques. Pour son deuxième rapport du genre, l’Oxford Internet Institue analyse les nouvelles tendances mondiales des acteurs et partis politiques pour tenter d’influencer les opinions des citoyens en ligne (Lire le rapport). Ce rapport base son analyse sur l’examen de l’activité des « Cyber Troops » de 48 pays différents (la France n’est pas représentée). Le terme de « Cyber Troops » renvoie selon le rapport « aux acteurs gouvernementaux ou partis politiques chargés de manipuler l’opinion publique en ligne« . Les principaux constats sont notamment que :
    • Dans chacun des 48 pays analysés, il existait au moins un parti politique ou une agence gouvernementale qui utilise les réseaux sociaux pour manipuler l’opinion publique ;
    • Dans plusieurs des démocraties étudiées, des agences ont été mandatées pour diffuser des contre-récits sur la toile ;
    • Les cyber-patrouilles utilisent différentes tactiques, telles que : la constitution d’équipes chargées de faire des commentaires en ligne, le recours aux bots pour simuler artificiellement de la popularité ou signaler certains comptes en vue de les suspendre automatiquement, l’utilisation répétitive de mots-clés pour détourner le fonctionnement des algorithmes.

 

  • La théorie marketing, l’approche du citoyen contemporain pour diffuser ses idées. Joel Penney, professeur à la Montclair State University, a publié un ouvrage, intitulé The Citizen Marketer: Promoting Political Opinion in the Social Media Age, dans lequel il démontre que la théorie du marketing permet de mieux comprendre les mouvements socio-politiques du citoyen contemporain. Selon Penney, le citoyen « marketeur » est celui qui « cherche à persuader d’autres citoyens grâce à la diffusion de messages en ligne« . Alors qu’il situe les prémisses de cette approche au passage des gouvernements autoritaires aux démocraties, il précise qu’une nouvelle vague est née avec Internet. La mise en réseaux numériques a permis « d’accroître considérablement la portée [des messages] » vers une audience qui n’est « pas seulement plus vaste« , mais aussi « plus facile à atteindre ». Joel Penney se veut ambivalent quant aux conséquences de ces nouvelles techniques. D’un côté, il juge que cela a rendu plus accessible la participation politique du citoyen pour influencer l’agenda politique. Mais d’un autre côté, il rappelle que cela a contribué de façon croissante « à la polarisation idéologique en réduisant la diversité des opinions« , ou encore que cela « a compromis l’intégrité de la pratique journalistique » (En savoir plus).

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